Vera Clouzot - Reviews "Kachina" - Planet of Sound - 2000

Jamais deux sans trois. Décidément le label Spirit of Jungle ne produit que du très bon ! Après les albums de Calc et des Papas Fritas, la structure de Chamberry remet le couvert de l'excellence en sortant ces jours-ci le troisième album de nos lillois préférés. Succédant à deux albums auto-produits de bon augure, Kachina est un bel album automnal de chansons boisées aux arrangements soyeux et luxuriants (violoncelle, trompette, flûte). Entièrement chanté en français contrairement aux deux prédecesseurs, le trio mélancolique de Vera Clouzot nous séduit à nouveau avec des chansons toujours aussi belles - métissage (idéal) entre la splendeur des deux premiers Nick Drake et l'acousticité tendue d'un Smog -. Malgré diverses influences toujours présentes en filigrane (Red House Painters, Mark Eitzel, Nick Drake, Tim Buckley), Vera Clouzot revendique clairement sur les nouveaux morceaux (qui respirent par moment la beauté crépusculaire du silence), l'inspiration du génie Mark Hollis. Même si les nouveaux morceaux demeurent dans le même esprit que les deux précédents disques, on peut cependant noter une certaine évolution artistique, tant au niveau du chant de Pierre Laplace à la voix plus affirmée qu'auparavant qu'au niveau de la production qui nous rapproche de la pureté du son du jazz. De bonnes surprises sur cet album plus varié que les deux prédécesseurs : à commencer par le sublime « XII » qui subjuge d'entrée par ses orchestrations très nick drakiennes ou le beau « Plaint-chant » et son accordéon aux réminiscences Yann Tiersen qui contrastent avec la tension hargneuse de « Sanguine ». Mais à la première écoute du disque, c'est surtout le très jazzy « Wild West Show » ou le percutant « La Valse de Chinaski » (au texte inspiré par Bukowski) qui retiennent toute notre attention. Cela faisait en effet belle lurette qu'on n'avait pas entendu meilleur single français ? Voici donc un disque au charme intriguant destiné avant tout aux âmes contemplatives et rêveuses, pas toujours facile d'accès mais qui se mérite.

Delphine Dori

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